Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/138

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vers aucun idéal, elle n’avait pas à comparer le duc avec le héros de ses songes.

Il en advint que Robert, malgré ses trente-cinq ans, lui parut jeune encore, et que ses déclarations, faites d’ailleurs avec une délicatesse extrême, lui furent si douces à entendre qu’après être restée sur la réserve pendant ses premières visites, elle lui dit un jour avec une douce franchise, pour répondre à sa question : Ne m’aimerez-vous pas un peu ?

— Je le pense, puisque je suis prête à devenir votre femme et à suivre vos conseils, pour que vous n’ayez pas à rougir d’avoir élevé jusqu’à vous une petite fille telle que moi.

La glace ainsi rompue, les choses marchèrent si rapidement que, moins de trois semaines plus tard, Claude était duchesse.

Robert avait eu pour témoins deux hommes de son monde dont la discrétion lui était assurée : son cousin le prince d’Andalt et le général d’Hermont. Ils ne connaissaient pas même de nom la mère de la mariée, et on ne leur avait dit d’ailleurs que ce qu’ils devaient indispensablement savoir.

Paul Guerrard et l’un de ses amis avaient été les témoins de la jeune fille et le maire de Verneuil, complice de cette petite fraude, avait été pris d’un tel accès de toux, en énumérant l’état-civil des époux, que les malheureux mots, à propos de Claude : « père non dénommé », n’avaient été entendus de personne.

Le mariage religieux eut lieu le lendemain matin à l’église de la commune, en présence de la supérieure de la Visitation et de quelques pensionnaires du couvent.