Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/182

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d’une liberté complète et bientôt il en eut la certitude. Il lui suffit, de dîner au Cercle Impérial, un jour que M. de Blangy-Portal n’y était pas, pour savoir, avant la fin de la soirée, qu’il entretenait une certaine Léa Morton, fille très connue dans le monde où l’on se ruine, et que, de plus, il jouait gros jeu, sans être moins malheureux qu’autrefois.

Ces deux nouvelles, la seconde principalement, causèrent au docteur une émotion profonde.

Que le duc eût une liaison galante, c’était sans doute doublement fâcheux, puisqu’il s’agissait d’une maîtresse qui, peut-être, lui coûtait cher, le compromettait même ; mais, somme toute, cette aventure pouvait aussi n’être qu’un accident passager, sans conséquences pour l’avenir, tandis que le retour de Robert au tapis vert était chose bien autrement grave, étant donné son complet affolement dès qu’il perdait.

Il s’expliqua donc aisément l’autorisation que M. de Blangy-Portal avait donnée à sa femme, si spontanément, de quitter Paris pour Verneuil.

En effet, à peine Claude était-elle partie pour la campagne et Gontran pour la Bretagne, chez sa tante, Mme  de Lancrey, que le duc, sans prévenir personne, pas même Paul, prit la route de Luchon, où Léa l’avait précédé.

Le docteur eut tout d’abord l’idée de courir après Robert ou tout au moins de lui écrire ; mais il réfléchit que ce serait là une démarche inutile, de nature à envenimer encore les choses, car il savait combien son ami était prêt à s’irriter, surtout quand il avait tort. Il remit donc jusqu’à son retour toute tentative du genre de celle qu’il voulait faire.