Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/232

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disposition dans son bureau, le décret du 27 mai 1851, relatif à l’organisation des pénitenciers à Cayenne, mais il n’y avait pas fait grande attention.

Dès cette époque, au contraire, il suivit attentivement tout ce qui se produisit de nouveau dans cet ordre d’idées, et quand, en 1854, on donna lecture et l’on afficha dans les bagnes la loi relative à la transportation, loi dont l’un des articles autorisait les condamnés à faire venir leur famille auprès d’eux, il n’hésita plus.

— Ou Rose me rejoindra, se dit-il, ou c’est moi qui saurai bien la retrouver ! Là bas, ce n’est pas comme ici, on doit pouvoir s’évader sans courir la chance d’être repris aussitôt !

Alors, après avoir décidé, sans grand mal, Rabot à le suivre, il demanda à l’autorité compétente de faire partie du premier convoi pour la Guyane.

La loi de 1854 disait bien qu’en échange des avantages qu’ils tiraient de leur internement dans les pénitenciers coloniaux, les transportés seraient tenus d’y séjourner toute leur vie, mais cet exil éternel n’était infligé qu’aux condamnés depuis la nouvelle loi, et non pas à ceux dont l’arrivée au bagne était antérieure à ce décret.

Mourel savait donc qu’à l’expiration de sa peine il pourrait rentrer en France, où il n’aurait, pour y vivre en toute sûreté, qu’à se conformer aux règlements relatifs à la surveillance de la haute police, sous laquelle l’avait placé l’arrêt de la cour d’assises.

Or cette surveillance ne l’empêcherait pas de découvrir Rose, si elle avait refusé de le rejoindre et elle vivait encore.