Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/239

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il a encore à y craindre le tigre et le serpent, toujours à l’affût ; la mouche anthropophage, mouche sans aiguillon, d’apparence vulgaire, mais qui dépose dans l’oreille du dormeur des œufs dont l’éclosion donne la mort en quarante-huit heures, après d’horribles souffrances ; puis tous ces insectes dont le Maroni semble la terre privilégiée les cent-pieds de pins de six pouces de longueur, les monstrueux scorpions, les araignées-crabes, velues, hideuses, suçant jusqu’à la dernière goutte le sang de leurs victimes, dont les fourmis noires, les fourmis à feu, dépouillent ensuite les ossements, et ces moustiques énormes auxquels les planteurs exposaient jadis leurs esclaves indisciplinés, après les avoir enduits de miel, supplice épouvantable dont les malheureux mouraient fous.

C’est donc seulement par mer que Mourel voulait s’évader.

Or cela était plus difficile à exécuter aux îles du Salut que partout ailleurs, la surveillance y étant aisée et des navires étrangers faisant rarement escale à l’île Royale.

La fuite par eau n’était praticable qu’en partant de deux points, soit de l’un des établissements récemment fondés sur la rive du Maroni, à l’aide de quelque embarcation achetée aux Indiens ou volée, soit tout simplement de Cayenne même, en profitant du grand mouvement qui régnait en rade pour se cacher à bord de quelque bâtiment anglais.

Cette conviction bien arrêtée dans son esprit, Jean résolut de ne rien faire avant qu’on lui eût répondu de France, où il avait écrit à M. Duval, à Durest et enfin, à Rose, sous le couvert de Mme Ronsart, à Reims.