Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/241

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cabinet d’affaires où les clients ne trouveront que de bons conseils.

« En attendant, je suis employé au greffe de la prison et mon existence n’est pas trop pénible, mais je ne sais pas plus que toi ce que fait ta femme. À Clairvaux, on est aussi loin du monde qu’à Cayenne, et les camarades de Reims, auxquels j’ai écrit, n’ont plus jamais entendu parler de Rose. Je pensais même qu’elle t’avait rejoint. Elle te devait bien cela cependant ! Mais les femmes, ce ne sont que des monstres d’ingratitude !

« Il n’y a que ton vieux copain qui ne t’oublie pas et t’aime toujours.

« P.S. – Quand je serai sorti, je t’enverrai mon adresse. Où irai-je ? Je ne m’en doute pas, puisque je suis sous la surveillance, c’est-à-dire dans l’impossibilité d’habiter ici ou là, sans en avoir reçu l’autorisation.

« C’est ça qui est dur pour un garçon qui a honte de son passé et veut être un honnête homme !

« Mais comme on me laissera, je l’espère, séjourner à Reims, du moins pendant quelque temps, tu pourras, à partir de l’année prochaine, m’écrire là, poste restante, où j’irai chercher mes lettres. »

On pense que ces jérémiades et ces intentions vertueuses de Durest touchèrent fort peu Mourel. Il comprit que l’ex-clerc d’huissier avait écrit son épitre de repentir parce qu’elle devait être lue par le directeur de Clairvaux et par le commandant du pénitencier de l’île Royale ; et il ne vit qu’une seule chose dans la réponse de son complice, c’est que dans moins d’un an, celui-ci serait libre et pourrait découvrir Rose si elle était toujours demeurée introuvable.