Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/29

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— C’est possible continuez.

Bien que le juge d’instruction eût prononcé ces mots avec une certaine ironie, qui n’avait pas échappé au clerc d’huissier, celui-ci s’arma cependant de courage et poursuivit :

— Dès ce moment, je surveillai Mourel, et comme il me racontait qu’il menait joyeuse vie à Paris, je compris qu’il ne pouvait y satisfaire avec le produit de ses travaux. Aussi, quand, un beau soir, il me demanda encore de changer ma recette contre des billets de banque, je refusai, en lui disant que, ne sachant pas où il prenait tous ces billets-là, je ne voulais pas me compromettre. Alors il se fâcha et, après m’avoir affirmé qu’il gagnait tout cet argent à illustrer des livres défendus, il ajouta qu’il était trop tard pour me montrer aussi scrupuleux, puisque déjà, une première fois, je lui avais rendu le même service qu’il réclamait de nouveau de mon amitié.

— Vous ne vous doutiez pas que les billets que vous remettait Mourel étaient faux ?

— Pas le moins du monde ; c’est seulement une année après que j’ai tout deviné.

– Pourquoi ne l’avez-vous pas dénoncé à cette époque, puisque vous le faites aujourd’hui ?

— Parce que c’eût été me dénoncer moi-même, puisque j’étais devenu de force son complice.

— Avouez donc la vérité tout entière. Si vous avez gardé le silence pendant plus d’un an, c’est que_vous espériez que votre ami et vous auriez le temps de faire fortune avant d’être soupçonnés et si vous parlez aujourd’hui, c’est uniquement dans l’espoir de bénéficier de l’article du code qui exempte de peine les