Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/296

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de son paletot relevé, en voyageur qui craint la fraîcheur de la nuit, descendit à Harfleur, la dernière station, pour continuer sa route à pied.

Au petit jour, on put le reconnaître dans la patrie de Bernardin de Saint-Pierre, assistant, sur la jetée, au départ des pêcheurs, en flâneur que l’amour de ce spectacle a fait lever avant l’aube.

Puis il prit le chemin de son domicile, et quand il fut enfermé dans sa petite chambre de la rue de Normandie, il faillit devenir fou de joie.

Dans le portefeuille de Mourel, parmi une foule de papiers, dont il remit la lecture à un autre moment, se trouvait une liasse de vingt billets de mille francs.

Après les avoir examinés attentivement, en connaisseur, et pour cause, il s’écria :

– Ils sont vrais! Ce n’est pas comme ceux de jadis. Allons, la nuit n’aura été mauvaise que pour le pauvre Jean! Monsieur Charles Durest, vous perdez une trentaine de mille firancs à l’affaire, c’est vrai, mais il faut savoir se contenter de peu !

Et, la conscience absolument tranquille, l’ex-clerc de Me Tellier se glissa voluptueusement dans son lit, où, les précieux chiffons pressés contre son cœur, il ferma les yeux, impatient qu’il était d’être bercé par les rêves qui allaient venir à lui par la porte d’ivoire.

Quelques heures plus tard, aussi frais et aussi dispos que s’il eût dormi toute une longue nuit, il se mettait au travail chez les Allemands MM. Oulmann et Cie dont il était le fidèle employé.