Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques heures plus tard, Mourel s’entendit condamner à vingt ans de travaux forcés. Son avocat, Me  Duval avait tiré si habilement parti de ses aveux et de son prétendu amour pour sa femme qu’il avait obtenu des circonstances atténuantes.

Quant à Durest, malgré les efforts de son défenseur, il fut frappé de huit ans de réclusion, ne bénéficiant ainsi que dans une mesure restreinte du fameux article 138, sur lequel il avait si bien compté en se faisant dénonciateur.

L’arrêt ajoutait, conformément à l’article 47 du code pénal, que le falsificateur et son complice seraient, à l’expiration de leur peine, placés pour toute leur vie sous la surveillance de la haute police.

Le lendemain de sa condamnation, Jean écrivit de nouveau à sa femme pour la supplier de venir à la prison lui faire ses adieux, mais elle lui répondit que, tout en déplorant le malheur qui le frappait et en priant le ciel de lui donner le courage de supporter une épreuve dont sa bonne conduite pourrait seule adoucir les rigueurs et abroger la durée, elle n’oublierait jamais qu’il l’avait trompée, trahie, entraînée dans sa honte, et qu’elle ne voulait plus le revoir.

Alors, furieux et désespéré, Mourel refusa de signer son pourvoi en cassation, et, les délais légaux expirés, il quitta Reims pour être dirigé sur le bagne de Toulon.

Avant de partir, il avait obtenu l’autorisation de voir son ami Charles Durest, à qui il n’en voulait pas le moins du monde de ses révélations, sachant bien que cela n’avait en rien aggravé son cas, et qu’il dési-