Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/352

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Frappée au cœur par l’avenir qui menaçait son enfant et convaincue que les malheurs vont en troupe, Geneviève ne voulait plus espérer que la justice ne l’atteindrait pas un jour, et cette idée l’obséda bientôt à ce point que, ne sachant plus que devenir, elle télégraphia à Guerrard pour le prier de se rendre tout de suite à Villerville.

Pendant que sa mère désespérait ainsi, Claude retournait à Houlgate, décidée à ne faire à son mari aucune allusion à ce qu’elle avait vu, mais pleine de mépris pour l’homme qui avait abusé de sa confiance et résolue à ne plus être aussi facile à l’avenir dans les questions d’argent, maintenant qu’elle ne pouvait plus douter de l’emploi qu’il faisait de celui qu’elle avait laissé prendre si généreusement sur sa fortune.

Il résulta tout naturellement de ce nouvel état d’esprit que la duchesse cessa, en quelque sorte instantanément, de faire de nouvelles tentatives pour gagner l’affection de Gontran.

La trahison du père la détachait brusquement du fils. Elle comprenait que les deux seuls êtres qui dussent désormais se partager sa tendresse étaient sa file et sa mère.

Le lendemain surtout, lorsque M. de Blangy-Portal parut à la villa et mentit en disant qu’il venait de Paris, elle éprouva pour lui un inexprimable mouvement de répulsion, à ce point que, quand il lui prit la main pour la porter à ses lèvres, ainsi qu’il affectait de ne jamais oublier de le faire, elle échappa, par un mouvement qu’elle ne put réprimer, à cette marque hypocrite d’affection.

— Qu’avez vous donc ? fit Robert tout surpris.