Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/394

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vous en sais fort gré, lui dit, en se levant de table, son mari, trompé par son attitude nouvelle.

— Puisque c’est le rôle des femmes du monde dont je fais partie de tout accepter sans se plaindre, répondit-elle, je le jouerai désormais de mon mieux, vous pouvez en être certain !

À ce moment la petite Marie-Thérèse, qui devenait un adorable bébé, fut apportée à sa mère. Celle-ci la prit dans ses bras et, le visage enfoui dans les cheveux blonds de l’enfant, elle murmura à son oreille, comme si elle pouvait déjà la comprendre :

— Ah ! chère mignonne, si je suis maîtresse un jour de te choisir un époux, je ne ferai pas de toi une grande dame, je te le jure !

Une heure après, ravi de la tournure que les choses avaient prises, le duc quittait Houlgate, et Claude, que M. de Blangy-Portal avait poliment informée qu’il ne reviendrait que le surlendemain soir, à cause des courses de Bernay, écrivait à sa mère pour la tranquilliser, la prévenir qu’elle restait à la villa des Roses et lui annoncer qu’elle irait à Villerville le jour suivant.

Mais le lendemain, après son déjeuner, au moment où elle se préparait à se rendre à la gare, la duchesse reçut cette dépêche :

« Je suis forcée d’aller immédiatement à Paris pour affaire importante. Ne viens pas à Brimborion aujourd’hui. Je te télégraphierai aussitôt de retour. »

Toute désolée de ce contre-temps, car elle avait hâte d’entretenir sa mère de ce qui s’était passé entre elle et son mari, la jeune femme remonta dans son appar-