Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/444

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monde on pût ainsi défendre à une fille de pleurer sa mère !

Puis elle courut s’enfermer dans son appartement.

Au même instant le docteur arrivait rue de Prony, où la tante Ronsart l’attendait, ainsi qu’il l’en avait priée.

— Chère madame, lui dit-il, dès qu’il fut seul avec elle dans un petit salon dont il avait fermé la porte, il faut, en mémoire même de celle que vous avez perdue, faire trêve momentanée à votre douleur, pour bien me comprendre. C’est au nom de notre pauvre amie morte que je vous parle. Les instructions que je vais vous donner, c’est elle-même qui, par ma voix, vous les donnera. Il s’agit ici du repos, du bonheur, de l’honneur de votre nièce. Voilà ce dont il faut bien vous pénétrer.

— Parlez, je vous écoute, bégaya la veuve, réellement épouvantée de ce préambule. Mon Dieu ! qu’y a-t-il encore ? Ah ! ma pauvre Rose, ma chère Rosette !

La brave femme remontait de vingt années en arrière pour évoquer le souvenir de celle qui n’était plus.

— C’est précisément parce que Mme  Frémerol s’appelait Rose en même temps que Geneviève…

— Ah ! pardon, monsieur, pardon ! s’écria Mme  Ronsart, vraiment effrayée de son indiscrétion.

— Oh ! je connais tout le passé de notre amie ; vous ne m’avez rien appris de nouveau. Sa confiance en moi était pleine et entière. J’en suis digne, je vous le jure ! Il est utile aujourd’hui de bien nous unir pour échapper à quelque nouvelle catastrophe. Je sais que