Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/452

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leurs clients. Ce serait une exagération du devoir professionnel !

L’auditoire éclata de rire à ce mot de Léa, qui poursuivit :

— La Frémerol était plus probablement quelque conquête de jeunesse de notre ami. Elle était d’ailleurs fort belle encore, cette vieille garde, et elle devait avoir quelque passion secrète, car elle sortait peu de chez elle. Je l’ai rencontrée à peine cinq ou six fois depuis que je suis sa voisine ; elle ne se promenait même jamais dans son jardin ! Tu ne la connaissais pas, ou plutôt tu ne l’as pas connue jadis, toi, Robert ?

— À peine de nom, fit le mari de Claude, que ce sujet de conversation gênait fort.

— Elle devait avoir une fortune énorme ! À qui tout cela va-t-il revenir, si elle n’a pas d’enfant ? À quelque pauvre diable d’honnête homme qui la méprisait vivante, mais n’en acceptera pas moins son héritage avec joie ! C’est surtout en semblable matière que les plus puritains mettent en pratique la maxime de je ne sais plus quel empereur romain sur l’odeur de l’argent. Elle aurait bien dû m’adopter, la Frémerol, ou tout simplement me laisser son hôtel ! On peut être certain que, moi, je ne lui aurais rien reproché de ses péchés mignons. On dit qu’il est superbe cet hôtel-là, avec un parc jusqu’au boulevard de Courcelles et une magnifique galerie de tableaux des meilleurs maîtres modernes. En voilà une qui n’a pas perdu son temps ! C’est ainsi que se conduisaient les galants d’autrefois. Que cela, messieurs, vous serve d’exemple ! Pauvre femme tout de même ; partir si brusquement, peut-