Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/458

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réussir, à moins que je ne puisse faire entrevoir à ta femme quelque retour à la sagesse de ta part. Vrai est-ce que Léa te tient tant que cela au cœur ! J’ai quelque idée qu’elle te coûtera un jour plus que de l’argent, cette pseudo-Américaine ! Elle reçoit trop d’étrangers ! Au fond, on ne sait jamais ce que sont ni d’où viennent tous ces gens-là. Prends garde !

— Je ne crains rien, et je suis fou de Léa. De plus, si je la quittais, elle ferait quelque sottise !

— Elle se tuerait ?

— Eh ! qui sait ! Mais il ne s’agit pas d’elle en ce moment. Monte chez Claude.

— Il est de bien bonne heure.

— Oh ! si elle se porte mieux ce matin, car elle était un peu souffrante hier soir, elle doit être habillée. Elle a conservé ses habitudes de petite bourgeoise. Du reste, nous allons nous en informer.

Le duc avait sonné ; Germain entra aussitôt.

— Faites demander à Madame la duchesse si elle peut recevoir M. Guerrard, lui commanda son maître.

Quelques minutes après le vieux serviteur vint répondre affirmativement.

— Et sois éloquent ! dit Robert au docteur, qui avait quitté son siège.

Paul le promit du geste et sortit du fumoir pour gagner le grand escalier, qu’il se mit à gravir lentement, très ému par avance de son entrevue avec Mme  de Blangy-Portal.

Sa situation n’était-elle pas en effet des plus délicates, en même temps que des plus douloureuses !

C’était à lui qu’un époux indigne dont il adorait la femme confiait le soin de le défendre auprès de cette