Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/464

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Guerrard, en lui disant rapidement, à demi-voix, avec épouvante :

— Prenez garde, on vient !

Elle avait entendu ouvrir brusquement la porte du petit salon.

En effet, le docteur s’était à peine relevé que le duc parut dans l’encadrement des portières qui séparaient les deux pièces.

Était-il arrivé trop tard pour voir son ami aux pieds de sa femme ? Avait-il entendu un seul mot de son aveu ?

Paul craignit une seconde qu’il n’en fût ainsi, lorsque Robert, le chapeau sur la tête, la canne sous le bras, et un sourire ironique aux lèvres, s’approcha de la duchesse et, lui jetant à la volée, grossièrement, une lettre dépliée qu’il tenait à la main, lui dit avec une suprême impertinence :

— Tenez, voici ce que m’écrit Me  Andral. Ah ! mon cher ami, Mme  Frémerol s’est joliment moquée de nous ! Deux vieux Parisiens qui se croyaient fins ont été joués par une vieille…

Et sans oser, par un reste de pudeur, prononcer l’épithète, peut-être ignoble, qu’il allait accoler au nom de la pauvre Geneviève, il reprit insolemment, en s’adressant à sa femme :

— Voyons, lisez !

Un peu remise de la terreur que lui avait causée l’entrée subite de son mari, et convaincue qu’il ne soupçonnait rien de ce qui s’était passé entre Guerrard et elle, Mme  de Blangy-Portal obéit.

La lettre du notaire n’avait que quelques lignes, mais, en revanche, elle était précise :