Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/59

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ne se soumettrait pas même aujourd’hui que toutes les races fusionnent honteusement.

— Que diable chantez-vous là, l’abbé ? interrompit brusquement le gentilhomme qui avait entendu. Si c’est avec de semblables vieilleries que vous comptez faire de Gontran un homme selon notre époque !

— Mais, monsieur le duc, bégaya le malheureux professeur, je croyais…

— Vous aviez tort de croire ! Je désire certes que mon fils n’oublie jamais de quelle race il descend et à quels principes il doit rester fidèle, mais de là à effacer de notre histoire le règne de Napoléon Ier et à lui persuader qu’il n’y a d’alliances possibles qu’entre gens du même monde, il y a loin ! Il faut faire aux idées de son temps les concessions nécessaires. Je ne veux pas que Gontran soit un ignorant, ni passe pour un imbécile.

À cette mercuriale inattendue, M. Monnier était devenu rouge comme une pivoine.

Ne pouvant se douter des motifs qui transformaient ainsi du tout au tout les opinions du père de son élève, il se demandait s’il n’avait pas mal compris, et la stupéfaction se lisait si bien sur son visage que Robert, si peu disposé qu’il fût à prendre gaiement les choses, ne put s’empêcher de rire, en poursuivant :

– C’est comme cela ! Du reste, j’ai l’intention de faire suivre à mon fils les cours de quelque grand lycée. Nous en parlerons. Oh ! vous resterez toujours ici pour surveiller ses études, mais il faut qu’il cesse de vivre avec M. le marquis de Buonaparte et autres niaiseries surannées. Je suis certain d’ailleurs qu’il ne demande pas mieux que de changer un peu d’exis-