Le médecin releva la tête et, après avoir recouvert la malade avec un soin maternel, il entraîna Mme Frémerol dans une pièce voisine, où il lui dit :
— Cette pauvre petite est gravement atteinte. Quel traitement a-t-elle suivi jusqu’ici ?
— On lui a fait des insufflations d’alun et des badigeonnages de nitrate d’argent.
— C’est en effet ce qui était indiqué, mais cela n’a eu que des résultats momentanés. Je crains d’être forcé d’agir plus énergiquement.
— Que voulez-vous dire ?
— Je vais télégraphier à Paris que je reste ici. Nous avons affaire à une affection qui exige une surveillance de tous les instants.
— Court-elle donc un danger sérieux ?
— J’ignore ce qui se passera d’ici vingt-quatre heures. C’est votre fille ?
— Non, monsieur, non je ne suis que sa marraine ; mais je l’aime aussi tendrement que si elle était à moi. Pourquoi me faites-vous cette question ?
— Parce qu’il pourrait arriver que je fusse contraint d’avoir recours à une opération que je ne tenterais pas sans l’autorisation du père ou de la mère.
— Une opération ? Mon Dieu j’ai peur de comprendre !… Claudine, ma pauvre Claudine !
Elle avait prononcé ces mots avec une telle épouvante, en même temps que ses yeux se remplissaient de larmes, que le docteur reprit avec un inexprimable accent de commisération :
— Cette enfant est la vôtre ?
— Pourquoi supposez-vous cela ?
— Est-ce que les larmes des mères ressemblent