Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/103

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quitter sa famille, échapper à son cousin Archibald et habiter la France ?

Lorsqu’un ami, vivant dans l’intimité d’un ménage, se livre à de telles réflexions, c’est que le désir de la trahison n’est pas loin. La pitié pour la femme mariée est souvent l’excuse lâche et honteuse que se donne celui qui veut voler l’honneur d’autrui.

Dans son étrange et fatale aberration, Plemen ne tarda point à aller jusqu’à se dire qu’il ne ferait, après tout, qu’une action purement humaine en consolant cette adorable créature si mal mariée et qui ne pouvait être heureuse.

Or, sur ce dernier point, le docteur était absolument dans le faux. Mme Deblain n’était ni ne se trouvait à plaindre. Elle n’avait certes aucune passion pour son mari, mais il était loin de lui déplaire. Peut-être l’eut-elle préféré plus jeune, plus distingué, moins prosaïque, plus ambitieux mais si Raymond manquait de ces qualités, il laissait du moins sa femme maîtresse absolue dans sa maison ; si élevées que fussent ses dépenses, si folles que fussent parfois ses fêtes et ses excursions, jamais rien de tout cela n’était de sa part l’objet de la moindre critique :

Les choses en étaient là, lorsque Rhéa reçut de sa sœur une nouvelle que ses lettres précédentes ne lui avaient pas permis de prévoir.