Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/106

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Mme Gould-Parker s’étaient embarqués à New-York sur l’Amérique, arracha-t-elle Raymond à ses affaires pour l’entraîner au Havre, où huit jours après, Jenny, de la passerelle du paquebot, reconnut, à l’extrémité de la jetée, Rhéa qui lui envoyait des baisers.

Moins d’une demi-heure plus tard, les deux sœurs se jetaient dans les bras l’une de l’autre, sur le quai du bassin de l’Eure, pendant que le colonel américain, raide comme un piquet, sérieux comme un soldat sous les armes, donnait un vigoureux shake-hand à M. Deblain, en lui disant, avec la gaieté qu’il aurait mise à prononcer un De Profundis :

— Mon cher beau-frère, je suis heureux de vous voir.

— Saperlotte ! pensa Raymond, en retirant ses doigts ankylosés de la large main du Yankee, le mariage n’a pas rendu folâtre ce cher colonel.

Le fait est que Gould-Parker, tout en s’efforçant d’être gracieux, ne perdait rien de son air rébarbatif ordinaire. Son sourire avait quelque chose du rictus d’un fauve.

C’était un grand gaillard sec, nerveux, d’une force musculaire peu commune, toujours militairement boutonné, même lorsqu’il était vêtu d’une simple jaquette, de physionomie intelligente, mais dure.

On le disait fort épris du métier des armes,