Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/110

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trou que vous avez cependant, transformé en partie. Quelle idée avez-vous eue d’épouser Raymond ? Il est vrai que cette idée-là est surtout venue à votre oncle Jonathan ! Mais Deblain, vous aurez beau faire ; ne sera jamais qu’un bourgeois incapable de comprendre une charmeresse telle que vous.

Parfois Rhéa, avec son esprit léger, prenait en riant ces sorties du médecin, qui ressemblaient fort à des déclarations ; parfois, au contraire, toute rougissante, elle retirait vivement sa main, en lui disant avec une certaine fermeté :

— Vous oubliez, mon cher Plemen, que Raymond est votre ami… et mon mari.

Riposte d’honnête femme, que le savant accueillait d’ailleurs avec un parfait cynisme, en répondant :

— Parbleu ! non, je ne l’oublie point, et c’est ce dont j’enrage !

Puis il ajoutait, mais alors sur un ton de simple plaisanterie :

— Heureusement que, grâce à un petit député méridional fort intelligent et des plus spirituels, nous avons le divorce, tout comme en Amérique ! Or, quand une jolie femme divorce en province, ce ne peut être que pour habiter Paris… avec l’époux de son choix.

Lorsque Plemen s’exprimait ainsi, Rhéa était bien forcée de rire ; mais comme la grande ville et ses plaisirs hantaient incessamment sa cervelle,