Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/12

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Lorsqu’il sortait de l’une de ces audiences d’assises où il avait eu l’occasion d’émettre ses idées sur l’instruction criminelle, Witson rentrait chez lui plus splénétique que jamais, et miss Jane, pendant plusieurs jours, tentait de vains efforts pour le distraire.

Cependant la jolie enfant s’y employait de toute son âme, car l’affection qu’elle avait vouée à son ami était profonde. Elle hésitait parfois à l’exprimer, ayant remarqué ce fait étrange lorsqu’elle se montrait trop empressée auprès de lui, il devenait plus froid et plus réservé, et quand, au contraire, elle le négligeait un peu, sa tendresse se faisait plus expansive. Il semblait craindre par moments d’être trop aimé, et par d’autres de l’être trop peu.

On eût juré que, dans Jane, tout à la fois il adorait l’enfant et craignait la femme.

La vérité, c’est que William était violemment épris de cette jeune fille qu’il avait recueillie dix années auparavant, et qu’il s’efforçait de dissimuler cet amour comme s’il était un crime. Craignant de se trahir, il avait formé plusieurs fois le projet de se séparer d’elle ; mais, au moment de lui faire part de sa résolution, le courage lui avait manqué, et rien n’avait été changé à la vie commune.

L’Américain souffrait visiblement de cette lutte ainsi que du silence qu’il s’était imposé ; cepen-