Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/133

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Personne n’aurait pu le dire, sauf peut-être la jeune femme, qui sentait toujours son regard inquiet et passionné peser sur elle ; mais elle lui était profondément reconnaissante de borner là la manifestation d’un sentiment dont il lui avait exprimé si spontanément la violence, pendant ces quelques instants qu’ils avaient été seuls, dans le hall du château.

Pour une femme de la nature de Mme Deblain, qui devait à son éducation américaine une expérience précoce, que nul piège ne pouvait surprendre et qui était incapable, sinon par vertu, du moins par respect pour elle-même aussi bien que par orgueil, de céder a un entraînement brutal des sens, l’amour d’un homme n’était dangereux, d’abord que si cet homme lui était supérieur, prêt à tous les dévouements, à tous les sacrifices, sans toutefois se poser ni en héros ni en martyr, et enfin, de plus, s’il était patient et savait attendre cette heure psychologique, qui sonne tôt ou tard au cœur féminin où ne rogne pas, inébranlable, le sentiment du devoir.

Or Rhéa avait été sincère en disant à Erik que, jeune fille, elle l’eût préféré à tout autre, car ce Slave, d’une beauté réelle, d’une intelligence élevée, d’une ambition sans bornes, d’un tempérament de feu, était vraiment l’époux qu’elle avait inconsciemment rêvé.

Cependant elle n’était pas à ce point entraînée