Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/226

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Elle s’était dit alors qu’elle devait mettre sur son visage un masque impénétrable, qu’une femme de son rang ne pouvait solliciter la pitié de qui que ce fût par le spectacle de son désespoir, et elle s’était rapidement armée de tant de calme que, quand la grille de la prison s’ouvrit pour laisser rouler la voiture sous la voûte sonore, elle eut la force de ne pas tressaillir. Le commissaire de police ne sentit pas sa main trembler, lorsqu’elle s’appuya sur son bras pour mettre pied à terre.

Ce fut même d’une voix assurée que, quelques minutes plus tard, elle répondit aux questions que lui adressa M. Crosnier, dans le but de constater son identité, avant de l’inscrire sur son registre d’écrou.

C’est également d’un pas ferme que la malheureuse gagna la petite chambre qui allait lui servir de cellule, et d’un mouvement gracieux de la tête, elle accepta la garde de sœur Sainte-Anne, puis salua le directeur de la prison, lorsqu’il disparut avec la religieuse.

Mais quand, après avoir entendu la porte de sa prison se refermer, elle se vit seule dans cette pièce aux murailles blanchies à la chaux, meublée seulement d’un lit de fer, véritable couche d’hôpital, d’une table, de deux chaises de paille, et éclairée par un bec de gaz qu’un épais verre lenticulaire défendait à l’intérieur et qu’on pou-