Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/286

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par les démarches qu’on ne cessait de faire auprès de lui en faveur de celle qu’elle appelait, avec un accent d’horreur impossible à rendre : l’empoisonneuse adultère.

Le juge d’instruction était certainement un honnête homme au point de vue de la probité, ne suivant d’ailleurs en cette façon d’être que l’exemple de ses collègues, conservateurs ou républicains, car il est une justice qu’il faut rendre aussi bien aujourd’hui qu’on l’a fait de tout temps à la magistrature française : l’honneur professionnel y est au-dessus de toute tentation d’argent. La prévarication y est une de ces exceptions qui prouvent la règle générale. Tel homme dont la vie privée est remplie de désordres et d’erreurs n’en est pas moins un juge dont la conscience n’est à vendre à aucun prix.

Toutes les fois que la politique n’est pas en jeu, ce n’est que par erreur ou sottise qu’un magistrat français juge contre le bon sens et l’équité.

M. Babou était donc un honnête homme, mais il était surtout un infatué de son pouvoir, un jaloux de son autorité, un fonctionnaire qui n’admettait pas qu’il pût se tromper. C’était donc pire d’avoir affaire à lui que s’il eût été moins probe, mais plus intelligent.

Ces renseignements étaient bien de nature à effrayer Witson sur la situation de Mme  Deblain.

Il comprenait qu’elle était entre les mains de