Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/359

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prévention. Votre intention est-elle de garder également le silence ici ?

— Non, monsieur le président, répondit le jeune homme d’une voix ferme, claire, bien timbrée ; si j’ai mis fin brusquement à mon interrogatoire chez M. le juge d’instruction, c’est après m’être entendu appeler empoisonneur dès mon arrivée dans le cabinet de ce magistrat ; et cela sur un ton si convaincu que j’ai supposé toute explication inutile ; mais je suis prêt à vous répondre avec autant de déférence que de franchise.

— Vous savez la gravité des faits relevés à votre charge. Accusé d’avoir fourni à Mme Deblain le sel de cuivre avec lequel elle a empoisonné son mari, vous êtes, selon l’instruction, devenu son complice parce qu’il existait entre elle et vous des relations coupables, relations prouvées par vos lettres saisies chez celle que vous aimiez, et parce que vous vouliez faire disparaître celui dont la présence était un obstacle à la liberté de votre passion adultère.

— Tout d’abord, j’affirme, je jure qu’il n’y a jamais eu entre Mme Deblain et moi que des relations amicales. Ces malheureuses lettres sont de moi, en effet, mais elles ne lui ont pas été adressées j’ignorais même qu’elles lui eussent été confiées. Si je l’avais su, je l’aurais suppliée de ne pas les garder ; j’aurais insisté, avec respect mais fermeté, pour qu’elle les brûlât. Je ne dirai pas