Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en attendant, il le poussait à épouser sa cousine Rhéa, dont il était amoureux… et qui avait une dot considérable, ce que ne dédaignaient pas les Thompson, tout clergymen qu’ils fussent.

Elias Panton, le chef de cette famille, était un gros homme d’une soixantaine d’années, rubicond, solide, ne faisant partie, au désespoir de son beau-frère, d’aucune société de tempérance, sceptique, bon vivant, essentiellement pratique, rond et loyal en affaires, ainsi que le sont fort souvent les Américains, quoi qu’on en dise, et valant, pour nous exprimer comme le font les Yankees lorsqu’ils veulent évaluer la fortune de l’un d’eux, un bon million de dollars.

Mme  Panton, elle, était une longue et maigre personne absolument insignifiante. Née dans une famille puritaine, elle n’avait jamais eu le goût de l’élégance ni des plaisirs mondains, mais elle était fort experte dans la confection des plum-puddings ainsi que dans celle des tartes à la rhubarbe, et admirait son frère Jonathan, ce dont celui-ci abusait à chaque instant pour l’enlever aux soins du ménage, dans le seul but de commenter avec elle quelque verset controversé de la Bible, ou de lui raconter sa dernière vision swedenborgienne.

Quant à misses Jenny et Rhéa, qui avaient l’une dix-neuf et l’autre dix-huit ans, elles étaient bien les plus complets et aussi les plus charmants spécimens féminins de l’éducation américaine et de