Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/391

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de morphine. J’allais sonner Pierre pour l’envoyer chez le pharmacien. » Je ne sais ce que je lui répondis, peut-être même n’osai-je parler. Dans ma précipitation à rejoindre Mme  Deblain lorsqu’elle m’attendait pour aller à la Malle, je ne m’étais pas débarrassé des deux flacons que j’avais rapportés de mon laboratoire à l’hôpital.

« L’un contenait un anesthésique à base de morphine, composé par moi-même, et l’autre, ah ! l’autre… Je les avais sur moi, dans l’une des poches de mon vêtement. Je pris l’un de ces flacons, j’emplis de la solution qu’il renfermait l’instrument qui était sur la table, près de la veilleuse, et, penché sur Raymond, je lui fis une injection hypodermique au bras qu’il me tendait, dans son désir d’être soulagé. Aussitôt, bégayant un « merci », il ferma les paupières, mais, moi, j’étouffai un cri d’horreur. En reprenant le flacon dans lequel j’avais puisé, il me sembla que ce n’était pas de la morphine qui s’y trouvait, mais ce poison terrible, extrait des alcaloïdes auxquels j’avais consacré ce travail que je devais présenter, le lendemain même à l’Académie de médecine.

— Ah ! c’est épouvantable, s’écria Maxwell, pendant que Plemen voilait de ses mains tremblantes son visage inondé d’une sueur glacée.

— Ah ! oui, épouvantable, horrible, plus monstrueux encore que vous ne le pensez, reprit Erik d’une voix stridente, car j’ignore si je me suis