un instant à donner la parole au défenseur de Barthey, et qu’il ne s’y fût décidé qu’après avoir consulté rapidement ses assesseurs.
C’était la première fois qu’on allait entendre Georges Leblanc à Vermel, où l’avait précédé une réputation d’esprit des plus fins, de même qu’on l’y connaissait déjà par ses brochures politiques et ses romans humoristiques.
— Messieurs, dit l’élégant avocat, je suis plus embarrassé encore que ne l’était, en commençant sa plaidoirie, mon éloquent ami et confrère, car il a si habilement et si complètement fait justice de l’accusation tout entière, qu’il ne m’a rien laissé à discuter. Je ne puis en effet tenter de vous prouver que M. Félix Barthey n’est pas coupable d’un empoisonnement qui n’a pas été commis. Je ne puis le défendre d’un crime qui n’existe pas ! Que l’honorable organe du ministère public veuille bien nous présenter une victime des sels de cuivre, et je lui démontrerai aisément que mon client, tout en ayant eu en sa possession de l’arséniate de cuivre, n’aurait pu être un assassin ; mais, la preuve scientifique de la mort de M. Deblain par une autre cause étant faite, j’ai simplement à répondre à mon honorable contradicteur : cherchez le coupable si vous croyez à un empoisonnement, mais n’en accusez pas un honnête et galant homme tel que mon client et ami. On a vraiment fait trop bon marché du passé, du talent et de l’honneur