Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en joue pour faire de vous des gendres. Je vais, viens, pars et reviens avec les filles du brave Elias Panton, sans qu’il y trouve à redire, pas plus que le public, qui voit cela tous les jours, pas plus que leur mère, qui me soigne et me dorlote, comme si j’étais son fils et n’avais encore que quinze ans.

« Il n’y a d’ombre au tableau qu’une certaine miss Gowentall, gouvernante de Mlles  Panton ; mais si tu voyais avec quel sans gêne celles-ci l’oublient çà et là, puis un sévère clergyman, le révérend Jonathan, leur oncle, qui veut absolument faire de moi un disciple de Swedenborg et me glisse ses petites Bibles dans toutes les poches, aux éclats de rires, d’ailleurs, de ses jeunes nièces.

« C’est une seconde édition, en grotesque de ma dévote tante Dusortois. Ah ! pour le coup, celle-ci me jugerait tout à fait damné si elle savait quelle existence folle je mène ici, au milieu de ces mécréants, entre ces deux jolies petites parpaillotes.

« L’une d’elles surtout, miss Rhéa, est ravissante, et sapristi ! si je n’avais pas fait vœu de coiffer sainte Catherine ! Mais je me contente d’être au mieux avec cette délicieuse enfant, qui a des yeux de turquoises, des lèvres de carmin, un teint de lis et de roses, des dents de perle, une taille de guêpe, des épaules d’albâtre, des cheveux d’ébène, et de l’esprit comme un démon.

« Tu le vois, mon cher docteur, dans mon en-