Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/13

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— Nous ne lui en donnons pas le temps, répliquai-je ; nous prenons les devants en trompant les premiers !

Mon gros Anglais se mit à rire, mais il n’était pas tout à fait de mon avis. Il finit cependant par se ranger peu à peu à mon opinion, et il fut convenu que chacun de nous garderait le silence sur l’événement qui nous avait fait faire connaissance.

Tout en bavardant ainsi, nous avions rencontré la grande rue et pris le chemin de l’hôtel, où il ne fut pas peu surpris de me voir entrer comme chez moi.

En deux mots je le mis au courant de ma position d’homme inoccupé et de chercheur d’aventures. Dix minutes après, nous étions confortablement étendus dans de bons fauteuils, sous la varende de l’hôtel, en face d’une caisse de cigares, de flacons de vieux rhum et de tasses d’un thé parfumé rapporté de Chine par sir John lui-même.

Je ne manquai pas de lui parler de mon intention d’aller dans l’Inde ; il bondit de joie en apprenant que je n’attendais qu’une occasion pour partir.

— Ma foi, mon jeune ami, me dit-il en me tendant la main et en se versant un sixième verre de rhum, vous m’allez ! Si vous le voulez, puisque vous désirez courir le monde, nous nous promènerons ensemble de Ceylan à Calcutta, de Moulmein à Poulo-Pinang, de Batavia à Bornéo, de Manille à Canton. Je me flatte de vous offrir en moi un cicérone passablement renseigné, sur tous ces pays-là. Il y a une