Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/177

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« Oh ! Kâly, Kur-Kâly, Burd-Kâly » ; oh ! Kâli, Maha-Kâly, Calcutta Valy ! veuille que les voyageurs périssent par les mains de tes esclaves. Permets-nous le thibao ! »

Le cheyla avait reçu le mouchoir de la main droite ; respectueusement, il avait porté à son front le nœud qui renfermait la pièce d’argent, nœud qu’il ne pouvait défaire qu’après le résultat heureux de son expédition, ensuite il s’était relevé, et, debout auprès de son maître, il attendait que Kâli eût manifesté sa volonté.

Le silence s’était fait de nouveau autour de nous.

J’allongeai la tête à travers les lianes. Les fossoyeurs avaient terminé leur lugubre travail, les schumsecas s’étaient éloignés, nous étions seuls avec les deux misérables dont j’étais désigné comme une des victimes.

Il ne faut pas que ces deux hommes retournent au camp, dis-je tout bas à l’oreille du houkabadar, qui s’était glissé près de moi.

Il fit un mouvement d’effroi dont le bruit nous aurait trahi si les deux thugs n’avaient point été aussi absorbés dans l’attente du thibao, qui devait leur manifester les désirs de Kâli.

J’avais à lutter dans l’esprit de mon compagnon contre quelque chose, de plus difficile encore à vaincre que la peur ; j’avais à combattre la superstition.