Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/194

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tout était disposé pour la triste cérémonie du lendemain.

Je passai une partie de la nuit auprès de mon pauvre ami, qui ne voulut jamais aller se reposer. Avec le fidèle serviteur, il assista les femmes qui vinrent, avant le lever du jour, laver le corps de la morte et l’envelopper dans de longues pièces de mousseline.

Aux premiers rayons du soleil, nous nous dirigeâmes vers la pagode, misérable petit monument qui s’élevait à l’extrémité de la ville. Bientôt celle que nous avions connue si jeune, si belle et si aimante, reposait pour toujours sous six pieds de terre, dans le cimetière qui entourait le temple.

Sir John, que le courage avait soutenu jusqu’alors, ne put vaincre sa douleur lorsqu’il lui fallut quitter la pagode. Ce fut avec des pleurs et des sanglots qu’il se jeta à mon cou. Malgré les prières du houkabadar, il n’avait jamais voulu faire brûler le corps de sa maîtresse.

— La séparation serait encore plus complète, avait-il dit ; laissez-moi au moins une tombe à laquelle je puisse demander pardon.

Quant au domestique, ses yeux étaient restés secs, ses lèvres n’avaient point laisse échapper un soupir, mais son calme m’effrayait. Il s’était joint aux brahmines, qui psalmodiaient des prières et recommandaient l’âme de la bayadère à Yama, le juge des morts, et leur avait offert une vache noire, afin que