Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rapide moyen de locomotion pour gagner Madras, et je m’esquivai pour parcourir la ville, que nous devions quitter le lendemain même.

J’ai revu bien souvent Pondichéry après ce premier séjour, mais, chaque fois que j’y ai débarqué, j’ai senti la même émotion s’emparer de moi, émotion pleine de charme, triste et douce tout à la fois.

C’est que ce petit coin de la France, comme échoué sur la côte indienne, est bien la plus charmante et la plus poétique oasis qui se puisse rencontrer. Malgré ce demi-siècle de luttes qui, tour à tour, prirent et rendirent la colonie à la France, comme un arbre aux fortes racines qui courbe la tête sous l’ouragan pour la relever plus fière lorsque sa colère est passée, la civilisation française a résisté, et c’est un délicieux spectacle que le contraste de ces mœurs douces, policées, aristocratiques et des coutumes indiennes. La population indigène elle-même n’est plus là ce qu’elle est dans les autres parties de l’Inde ; elle se sent du frottement français. Quelles délicieuses promenades j’ai faites aux environs de la ville, sur les bords des rizières, dans les champs de cannes à sucre, suivant des yeux les travailleurs, attrapant çà et là au vol quelques lambeaux de phrases françaises qui venaient me rappeler la patrie !

Mais le souvenir du passé, revient à la mémoire, et le cœur se serre à la vue de ce petit fleuron de notre si brillante couronne coloniale dans l’Inde.