Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/203

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passent la nuit en plein air, hommes, femmes et enfants étendus, toute une famille souvent, sur la même natte. Lorsque le moment du lever est venu, les ablutions et la toilette se font sur le pas des portes. Là, le mari est livré aux mains du barbier, pendant que sa femme tresse ses longs cheveux qui, durant la nuit, lui ont servi d’oreiller ; ici, un Hindou se fait dessiner sur le front ces lignes verticales ou horizontales, rouges, jaunes ou blanches, qui doivent faire reconnaître à quelle caste il appartient et de quel Dieu il est le sectateur. Plus loin, un vieux chef de famille fume gravement son houkah, tandis que sa femme et ses enfants vaquent au soin du ménage. Je rencontrai des brahmines qui se rendaient à la pagode, et des bheesly, qui, par leurs cris discordants, avertissaient ceux qui avaient l’habitude de leur prendre de l’eau. Un autre cri leur répondait du haut d’un minaret, c’était un muezzin qui appelait les fidèles à la prière.

Madras est l’amalgame le plus étrange de toutes les constructions, de tous les styles. Auprès de la mosquée avec ses minarets élancés, sa piazza ou cour carrée, ses galeries, son bassin pour les ablutions, son toit surmonté d’une coupole renflée, ses plates-formes entourées de parapets finement sculptés, sa sobriété d’ornements intérieurs, et ses versets en grandes lettres sur les murailles, se dresse, massive et lourde, la pagode de Vischnou ou de Schiba, avec ses toits plats, ses petites chapelles, ses plans