Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/226

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nattes douces comme des tissus, glaces ovales et à facettes, riens fort chers, mais toujours de bon goût. Çà et là quelques délicieux portraits de femmes, signés Lawrence et Reynolds, se balançaient aux murailles dans les cadres de chêne dorés et fouillés comme des ivoires de New-China’s street. Puis, souvenirs particuliers des nombreuses amours de sir John, une demi-douzaine de miniatures, nées sous tous les pays et sous tous les pinceaux, étalaient les costumes fantaisistes de leurs modèles, un peu nus, mais non moins agréables à voir pour la plupart. Décidément, le contrebandier s’y connaissait : Zana, que je n’avais pas vue, devait être fort jolie. Elle manquait à la collection.

En entrant dans cette délicieuse cabine, on pressentait le sybaritisme de son habitant, mais lorsque l’on passait dans sa voisine, on pardonnait au commandant du Fire-Fly, et on comprenait quel charmant caractère devait être celui que l’observation de cet intérieur permettait de deviner.

Le salon formait avec la chambre à coucher un complet et étrange contraste.

Sir John, l’élégant, le séducteur, y faisait place au capitaine Canon, le marin, le chasseur intrépide. Le parquet était recouvert de deux admirables peaux de tigres tués par lui-même, et, sous un petit bureau laqué, le long des pieds duquel grimaçaient en grimpant des dragons dorés, un chetah offrait pour reposer les pieds le velouté de sa robe jaune et