Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/229

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Le lieutenant se nommait James ; mais, comme je devais voir mourir le pauvre diable quelques mois après mon arrivée à Calcutta, je crois parfaitement inutile de vous dire qui il était et ce qu’il était.

Venait ensuite, hiérarchiquement, un troisième personnage, qui naviguait depuis si longtemps dans les mers de l’Inde et de la Chine qu’il avait parfaitement oublié de quel pays il pouvait bien être. C’était maître Spilt, le maître d’équipage ou mieux le surhung. Les matelots avaient pour lui la même affection que pour leur capitaine, mais, grâce à un certain bout de ligne tressée et nouée, qui avait fait élection de domicile, en compagnie du tabac à chiquer, dans les plis de son béret, et qui en sortait souvent, ils le craignaient bien davantage.

Quelques instants après mon embarquement à bord, je fus présenté officiellement à ces nouveaux compagnons d’excursion. Le soir même, je pris possession d’une des deux petites cabines vides de la dunette : sept pieds de long sur six de large. Un fort étroit lit d’érable avec une moustiquaire de mousseline brodée, un délicieux petit bureau de teck incrusté de bois de sandal, une peau de chetah pour tapis, un grand fauteuil de rotins, les bois branchus d’un dix-cors pour soutenir mes armes, c’est tout ce qu’elle contenait ; c’était, du reste, tout ce qu’elle pouvait contenir.

Je devais y faire de beaux rêves, y évoquer de bons et doux souvenirs, la quitter avec bien des regrets.