Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/270

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lataniers, était soutenue par des troncs d’arbres non taillés, et, des poutres transversales qui reliaient ces poteaux entre eux, descendaient çà et là des lampes semblables aux lampes antiques, qui laissaient échapper, avec une lumière douteuse, une épaisse fumée et une insupportable odeur.

Autour de cette construction, heureusement ouverte à tous les vents, allait et venait une foule nombreuse, composée de Malais et de Chinois ; les premiers armés de leurs terribles kris empoisonnés par le suc de l’upas, les seconds sans armes, à leur aise là comme chez eux et fumant tranquillement leurs petites pipes de cuivre. Au-delà des rangs de la foule, nous entendions les sons des gongs et des tam-tams conduisant les danseurs, tantôt par un rhythme lent et doux, tantôt par des mouvements rapides et saccadés.

Une solution de continuité s’étant fort à propos produite dans les rangs des spectateurs, je me glissai en suivant sir John et en m’efforçant de ne pas trop arrêter ma vue sur ces sombres et rébarbatifs visages qui nous environnaient, jusqu’à un des piliers qui soutenaient le misérable édifice.

Deux danseurs, un homme et une femme, occupaient seuls l’espace laissé libre au milieu de la halle pour les exercices chorégraphiques. Les regards émerveillés de l’assemblée ne les quittaient pas. C’était hideux et repoussant à voir, et je ne sais vraiment comment m’y prendre, chers lecteurs, pour