Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/310

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sante qui dominait si bien, même les éclats de colère de la tempête.

Les filets d’abordage grimpèrent au-dessus des bastingages le long des haubans, et les Malais trouvèrent, en arrivant sur les plats-bords, et cet obstacle inattendu et vingt poignards qui firent vingt cadavres, sur lesquels, avec un bruit sourd, se refermèrent les eaux calmes de la baie.

Ce fut un hurlement de rage chez les pirates qui comprirent qu’ils avaient donné dans un piège, et un sauve-qui-peut général de ceux qui n’avaient pas été blessés et qui se jetèrent à l’eau pour regagner leurs embarcations.

Les proas du large, croyant toujours à la réussite de l’attaque, n’étaient plus qu’à une faible portée.

— Feu ! commanda Canon.

Trois coups de tonnerre traversèrent l’espace. Les pièces avaient été si bien pointées que nous crûmes d’abord qu’il ne restait pas un seul des proas des pirates, tant leur ligne de bataille avait été subitement rompue. Morton et moi fîmes feu des pierriers de tribord, et, au bout de cinq minutes, nous aperçûmes l’horizon parfaitement nettoyé des bandits.

Nous pouvions être tranquilles. La leçon était assez forte pour que les Malais ne songeassent plus à nous attaquer, du moins la nuit même. Au jour, nous comptions bien lever l’ancre avec la brise du large.

L’affaire n’avait pas duré plus d’une heure.

— Morton, faites donner double ration aux hom-