Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/344

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« À tout Chinois mort de mort violente, il faut un Anglais, ou un Américain, ou un Français, ou un Hollandais. »

Ce proverbe n’est pas autre chose, vous le voyez, que l’échelle des affections chinoises pour les Européens.

Les Anglais viennent en première ligne dans leur inimitié ; c’est tout d’abord un Anglais qu’on cherche à immoler aux mânes d’un Chinois assassiné. Si les exécuteurs n’ont pas sous la main un Anglais, ils se contentent d’un Américain ; si l’Américain fait faute, un Français est immolé ; mais c’est seulement alors que ni Anglais, ni Américain, ni Français, ne se trouvent à portée du poignard du vengeur, qu’un Hollandais est frappé. Depuis le long temps que ce dernier peuple est en rapport avec la Chine, il a su se conserver l’amitié de ses ombrageux voisins. Ni les Anglais ni nous n’en pourrions dire autant.

Comme, sur rade, se balançaient une douzaine de navires anglais et américains, je crus n’avoir vraiment rien à craindre de la vendetta chinoise, pour le moment du moins. Je gravai cependant le proverbe et ses conséquences dans mon esprit avec l’intention bien formelle décrier haut ma nationalité lorsque cela serait nécessaire, et même, à l’occasion, si cela pouvait être utile, de me faire passer un peu pour un descendant de la république batave.

Pendant ces intéressantes explications de Fo-hop, la yole avait traversé la rade et était venu faire tête