Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/349

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sons à perdre notre puissance, notre influence, notre empire, et la Chine tomberait alors sous la pression de la supériorité des barbares. Évitons cette extrémité en faisant usage de toutes les ressources qui sont à la disposition du gouvernement. Si nous montrons le moindre scrupule d’encourir une dépense, n’oublions pas que nos pertes, notre honte et le numéraire qui sortira pour l’opium, excéderont de beaucoup les dépenses de la guerre[1]. »

Je ne crus pas nécessaire d’engager une polémique politique avec mon complaisant traducteur ; nous ne pouvions vraiment être du même avis. Je le priai seulement de me donner une traduction exacte et par écrit de cette proclamation, ce qu’il fît avec la plus grande complaisance, et je le quittai après l’avoir remercié pour rentrer dans les magasins, car je l’avais suivi dans une pièce voisine, afin d’écrire sous sa dictée.

Je trouvai Fo-hop en train de peser des débris de piastres et faisant glisser, sur leurs tringles, les petites boules de son sou-pan avec une merveilleuse agilité[2].

  1. Voir dans le Moniteur des 18, 19 juin, et 21 juillet 1858, les Fragments du journal d’un voyageur en Chine. On y trouvera la traduction de cette proclamation.
  2. Il ne se fabrique pas en Chine d’autre monnaie que des piastres fausses et une espèce de petite pièce de cuivre. L’argent et l’or circulent en lingots. Aussi, depuis leurs rapports avec les Européens, les négociants chinois ont-ils pris l’habitude de poinçonner chacune des pièces qui leur sont données