Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/409

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Canton : l’armée des rebelles approchait. Sans aucun doute, on allait profiter de l’occasion pour sévir contre les Européens, surtout contre les contrebandiers d’opium. Le Fire-Fly avait été signalé aux bateaux mandarins ; il était extraordinaire qu’une visite n’eût pas eu lieu à bord pendant l’absence de son commandant. Tout cela nous engageait encore à lever l’ancre le plus tôt possible, afin de descendre à Hong-Kong pour y mettre à terre M. Hope, M. Lauters et sa malheureuse belle-sœur. Aussi, dès notre retour du cimetière, commençâmes-nous nos préparatifs d’appareillage. Le soleil ne dorait pas encore de ses premiers rayons le sommet de la pagode de Whampoa, que nous sortions déjà de la rade, poussés par une jolie brise de nord-ouest.

Je ne fus pas peu étonné de voir appareiller en même temps que le Fire-Fly une longue pirogue à demi pontée, qui, la veille au soir, était venue mouiller à une portée de pistolet de notre arrière, et qui, depuis son arrivée sur rade, n’avait pas ouvert les rideaux de la tente qui la couvrait dans toute sa longueur. En examinant plus attentivement cette mystérieuse embarcation, je me rappelai l’avoir déjà vue plusieurs fois. Il me sembla même que nous l’avions croisée sur la rade de Canton. Comme, après tout, elle pouvait bien ne renfermer qu’une famille chinoise fuyant devant la révolte, je ne crus pas devoir faire part de mes observations à sir John, mais je me promis de la surveiller si elle continuait de nous suivre.