Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/414

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boulet passa à cinquante mètres au-dessus de notre mâture. Nous répondîmes par une décharge de nos pierriers sur l’arrière de l’embarcation chinoise qui était près de nous. La mitraille y fit un tel ravage que, malgré les cris et les ordres de leur commandant, nous pûmes nous apercevoir que ses rameurs faisaient tout leur possible pour ne pas nous rejoindre. J’espérai un instant que le Malabar avait été atteint par un des projectiles, mais ma longue-vue me le montra animant toujours les hommes et semblant se désespérer du mauvais succès de son attaque.

Si les Chinois avaient été de bons artilleurs, grâce à leur canon à pivot, ils eussent pu nous faire le plus, grand mal puisque nous n’avions pas de pièce de retraite, mais nous ne vîmes même pas rebondir sur l’eau les deux ou trois boulets qu’ils lancèrent dans notre direction.

Nous nous attendions à être attaqués pas les deux autres bateaux mandarins qui louvoyaient un peu plus bas et dont nous approchions rapidement. Nos dispositions étaient prises ; cette fois nous étions bien décidés à faire feu les premiers. Nos chefs de pièces avaient ordre de tirer dès qu’ils auraient les deux embarcations chinoises par le travers. À notre grand étonnement, elles quittèrent tout à coup le milieu du chenal pour aller se réfugier derrière les îlots de la pointe de l’île Wantong, en nous laissant le chemin parfaitement libre.

Une demi-heure après, nous doublions, sans avoir été inquiétés de nouveau, la pointe Chuenpee, c’est-à-