Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/416

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Nous avions trouvé, dès notre entrée dans l’archipel de Lonato, la mer assez mauvaise. Une fois au mouillage, nous nous aperçûmes que nous ne pouvions songer à envoyer nos passagers à terre le soir même.

En reconnaissant cette impossibilité, et en donnant l’ordre de hisser le canot que j’avais fait amener, je fus pris, moi aussi, d’un pressentiment et saisi de cette conviction que ce retard de vingt-quatre heures nous serait fatal. Je fis doubler les hommes de bossoir avec ordre de tirer impitoyablement sur toute embarcation qui passerait à portée de la voix sans répondre au qui-vive, et je ne dormis pas de la nuit, pendant le deuxième quart de laquelle nous fûmes obligés de mouiller une seconde ancre à cause de la force du vent. Ce mauvais temps nous mettait, du reste, à l’abri de toute surprise. La nuit s’écoula sans que rien ne vînt justifier mes craintes.

Au point du jour, la mer était encore tellement mauvaise, quoique le temps se fût éclairci, que MM. Hope et Lauters purent seuls aller à terre. Nous convînmes que, pendant qu’ils feraient préparer un logement pour la pauvre veuve, sir John et moi profiterions d’une embellie pour la conduire à Victoria, que je voulais voir au moins encore une fois avant de partir.

La colonie anglaise s’enrichissait à cette époque des dépouilles de Macao. C’était, avec ses maisons blanches couronnées de terrasses et ses splendides jardins, comme un coin du Devonshire échoué sur les rives du fleuve des Perles.