Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/429

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J’étais, moi, à l’une des extrémités de la plate-forme, m’efforçant de retenir madame Lauters ; sir John, lui, sondait l’autre extrémité pour y indiquer, au milieu des roches à fleur d’eau, l’endroit où nos sauveurs pouvaient accoster, lorsque, soudain, derrière lui, se dressa le Malabar, son poignard levé.

Le misérable, par un bond de tigre, avait franchi la crevasse qui le séparait de nous.

Je jetai un cri à demi étouffé par la terreur, et, repoussant impitoyablement la pauvre folle, je m’élançai au secours de mon ami, le bras armé d’une poignée d’aviron. Une balle partit du canot et vint frapper l’assassin à la tête, mais trop tard ! Son bras était retombé, et son arme avait disparu dans la poitrine du contrebandier qu’il tenait embrassé dans une dernière étreinte en murmurant :

— Que Kâli soit louée, Goolab-Soohbeo est vengée !

À travers les brouillards qui s’étendirent subitement sur mes yeux, il me sembla voir un rire de démon crisper ses traits, en même temps que je crus sentir une pression de main de mon malheureux ami, auprès duquel je tombai anéanti et brisé, renversé par les vagues qui entraînaient le cadavre du vengeur de la folle fille de Tanjore.