Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/53

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notre ascension, ne s’était pas une seule fois plaint de la fatigue. Rempli de respect pour le pèlerinage qu’il faisait à l’empreinte sacrée, il ne sentait ni la chaleur, ni le froid. Il supportait patiemment la faim et la soif, marchant droit devant lui malgré le poids des années, n’éprouvant ni crainte lorsqu’un danger se présentait, ni plaisir lorsque le moment du repos était venu.

Les instants que nous donnions au sommeil, il les employait, lui, à la prière. C’était un touchant spectacle, que le sceptique anglais lui même ne pouvait s’empêcher d’admirer, que ce triomphe de la volonté sur la matière dans ce vieux corps brisé, que cette énergie et cette force puisées dans la foi. Durant nos haltes, il nous avait appris qu’il appartenait à cette secte pure des bouddhistes, qui éloigne avec le plus grand soin les coutumes brahmaniques que certains prêtres de Bouddah admettent aujourd’hui dans leurs cérémonies religieuses, et il nous avait donné sur les moeurs indiennes les plus curieux détails.

Nous l’interrogeâmes sur le chemin que nous suivions, et nous le trouvâmes si calme, si sur de son fait, que nous reprîmes courage. Après quelques heures de repos, profitant d’un beau clair de lune, nous continuâmes notre ascension, en calculant notre temps de façon à arriver sur le sommet de la montagne avant le lever du soleil.

Nous primes par le flanc ouest, où, bientôt, nous