Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’aurore commençait son œuvre de résurrection en déchirant de ses doigts roses les pudiques voiles de vapeur étendus sur les vallées. Au-dessus de moi, rien que l’immense voûte du ciel avec des teintes sombres et des étoiles d’argent à l’Ouest, avec des nuages de pourpre et d’or au Levant, Autour de moi, l’espace incommensurable où se dessinaient, sur les premiers plans, les montagnes les plus élevées de l’île, au-dessus desquelles se dresse le pic de Pedrotallagalla, semblable à un géant veillant sur les trésors enfouis dans le sein de la vallée des Rubis. À mes pieds, à demi-cachés encore sous les ombres des montagnes, s’étendaient des bois, des jungles, des forêts vierges, des ravins sans nombre, puis des plaines luxuriantes de végétation et de richesse. On dirait alors, élevé que l’on est à de semblables hauteurs, qu’on est au-dessus des choses humaines et qu’on s’est rapproché de Dieu. On comprend toute la profondeur de la parole des Écritures : « Il alla prier sur la montagne. » — On reste anéanti, brisé, haletant, jusqu’à ce que le premier rayon de soleil vienne dire à toute cette nature endormie : — Réveillez-vous !

Comme un changement à vue s’opère !

Les sommets des montagnes, ainsi que des îles flottantes et enchantées, sortent doucement du sein de la mer brumeuse et sans bornes de l’atmosphère. Aussi loin que les regards peuvent atteindre, vallées, plaines et forêts apparaissent et se déroulent à vos