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Ce tribut payé aux habitudes, la conversation s’engagea entre Sonda Bohadoor et nous.

Notre hôte, qui avait occupé, à plusieurs reprises, des positions importantes au service de la Compagnie, parlait fort bien l’anglais, heureusement pour moi qui ne savais alors de l’indoustani que ce que m’avait appris sir John depuis notre départ de Bourbon. La causerie, bientôt, devint intime.

Il nous raconta qu’après avoir perdu son fils unique dans la guerre de Lahore, il était venu se réfugier dans cette habitation dont il ne sortait que fort rarement. Ainsi que tous les riches indigènes, il avait fait construire une pagode, et un Brahmine était attaché à sa maison. Son temps se passait a fumer, à lire et à faire ses dévotions. Il connaissait parfaitement la littérature anglaise ; sa bibliothèque contenait, avec un choix parfait, les meilleurs auteurs modernes.

La conversation, habilement menée par Canon, roula bientôt sur la chasse.

— J’ai, nous dit-il, été moi-même jadis un grand chasseur, quoique notre religion défende ce plaisir ; mais, depuis longtemps, j’ai dû renoncer à cet exercice trop fatigant pour moi. Ce n’est pas sans regrets, car jamais je n’ai eu d’aussi bonnes occasions de m’y livrer. Tenez, — et il ne nous cacha pas un soupir, — si cela vous est agréable vous pourrez tuer demain dix éléphants, quoique l’introduction des armes à feu les ait rendus sauvages et méfiants.