Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/68

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laisser nos chevaux, dont les hennissements, du reste, eussent pu avertir notre formidable gibier. Des pluies torrentielles avaient occasionné une crue considérable, l’étang avait inondé tous les environs, nous nous trouvâmes bientôt dans un terrain marécageux et presque impraticable. Nous enfoncions souvent dans l’eau ou dans la vase jusqu’au-dessus des genoux ; il ne fallait rien moins, pour soutenir notre courage, que l’attrait que nous offrait cette chasse si nouvelle pour nous.

Nous marchions ainsi depuis une demi-heure en suivant la levée de terre, lorsque les péons envoyés en reconnaissance accoururent nous annoncer qu’un troupeau d’éléphants descendait des jungles vers le lac. En grimpant sur les branches feuillues d’un teck, nous les aperçûmes, en effet, entrer dans l’étang par une des coupures faites dans la digue, et se ruer dans l’eau avec des cris de joie. Ils étaient une vingtaine au moins, grands et petits, mâles et femelles. Inutile d’ajouter que Canon était radieux.

Le difficile maintenant était de les approcher. Nous ne pouvions songer à les tirer de la rive où nous nous trouvions. Outre que nous étions à une trop longue portée, le premier coup de fusil les eût mis en fuite.

Heureusement, notre guide avait bâti tout un plan de campagne qu’il nous communiqua et que nous adoptâmes à l’unanimité.

Laissant une partie de notre monde échelonné le