Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/189

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— Quoi donc, père ? fit Marguerite en levant ses beaux yeux.

— On est venu me demander ta main !

— Bah ! qui cela ?

La jeune fille avait fait cette question avec une telle indifférence que le vieillard, qui n’avait pas abordé sans appréhension ce chapitre délicat, en fut tout joyeux et répondit gaiement :

— Ton cousin Adolphe !

Mlle  Rumigny esquissa une petite moue des plus expressives et des moins flatteuses pour ledit cousin.

— Et vous lui avez répondu ? demanda-t-elle en souriant.

— Mais ce que je devais lui répondre, ce que me commandait tout à la fois mon devoir et mon affection, poursuivit bravement le bonhomme : à savoir que je te ferais part de sa démarche, que je n’étais pas le maître de ma fille, qu’il fallait avant tout qu’elle fût consultée. Est-ce que je suis un tyran, moi, pour te faire violence ! Est-ce que tu n’es pas d’âge à choisir toi-même un mari !

M. Rumigny, certain que Marguerite ne voulait pas de son cousin, aurait continué longtemps encore sur le même ton, si la jeune fille ne l’avait pas arrêté en lui disant avec une gaieté plus apparente que réelle :