Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/210

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qui nous séparent ? Au désespoir ! Moi, du moins, Marguerite, car j’aimerais mieux mourir que de renoncer à vous. M. Rumigny voudra-t-il de moi pour son gendre ? J’ose à peine l’espérer, quelques sentiments affectueux qu’il me témoigne. Il est donc nécessaire que j’aie votre assentiment, que vous m’encouragiez pour faire cesser mes hésitations et mes craintes, pour que je puisse hardiment vous demander à votre père.

— Oh ! gardez-vous-en bien, Robert, dit la jeune fille avec épouvante.

Puis, effrayée de son abandon, elle reprit en rougissant :

— Pardon ! Monsieur Robert.

— Chère Marguerite ! En sommes-nous donc encore à ne pas nous entretenir franchement ? Ne m’aimez-vous pas assez pour avoir toute confiance en moi, pour m’appeler Robert, comme moi je veux vous appeler Marguerite ?

— Oui, vous avez raison, répondit Mlle  Rumigny en précipitant ses paroles. Eh bien, Robert, ne parlez de rien à mon père en ce moment. Attendez, ayez de la patience, comme il m’en faut à moi-même. Laissez-moi le préparer à votre démarche. Vous ne le connaissez pas, voyez-vous. Je sais seule la lutte qu’il me faudra subir. Il m’aime tant ; il s’est si bien accoutumé à cette