Page:René de Pont-Jest - Le N° 13 de la rue Marlot.djvu/212

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fille et en les couvrant de baisers ; puis, après de douces paroles, ils décidèrent qu’il ne serait fait aucune démarche auprès de M. Rumigny, et qu’ils redoubleraient de prudence au contraire pour ne pas éveiller les soupçons du vieillard.

La quiétude de l’ex-négociant était d’ailleurs absolue ; il ne voyait dans l’Italien qu’un confrère savant et dévoué dont l’intimité lui était précieuse, dont les succès le remplissaient d’orgueil.

Tout entier à son dilettantisme, il était complètement aveugle.

Rien ne l’intéressant que la musique, il devait en être de même de tous ceux qui l’entouraient.

Heureux d’un regard, de quelques lignes échangées chaque jour, d’une pression de main furtive, les deux amoureux auraient donc pu vivre longtemps ainsi, en attendant qu’il se présentât une occasion favorable ; mais si M. Rumigny dormait, son neveu, malheureusement, veillait pour son oncle et pour lui-même.

Du premier jour où il s’était rencontré avec Balterini, M. Morin l’avait vu d’un mauvais œil. Jaloux, par tempérament, de tout ce qui était jeune et beau, il n’avait pas tardé à prendre l’Italien en haine.

Lorsqu’il le vit devenir l’intime de cette maison où on n’avait pas voulu de son amour ; quand il